COMMENT JE ME SUIS SURPRISE À SUR-CONSOMMER LE YOGA ?

Avec le confinement, j’ai pris l’habitude de pratiquer avec « des supports vidéo ». Disons qu’avec la réouverture en demi-teinte des studios, l’habitude a eu du mal à me quitter.

Le Yoga en ligne 

Des cours en ligne donc, sur Youtube, sur Zoom ou sur des plateformes « privées ». Je trouve ça vraiment génial d’avoir ces ressources quand je manque d’inspiration pour créer mes propres séquences. Parce que oui, ça m’arrive. Et oui, ça m’est arrivé pendant le confinement de me sentir très « seule » sur mon tapis, et d’avoir besoin d’un contact lors de ma pratique, même virtuel. 

C’est quelque chose d’assez grisant aussi. Parce qu’on trouve des enseignements absolument partout, de tous horizons, de toutes formes de pratique. Quelle mine d’or on a en ligne ! Franchement, ça m’a donné envie de tout essayer, de découvrir des dizaines et des dizaines de professeur-e-s différent-e-s. Comme on teste et on consomme des nouveaux vêtements, des rouges à lèvres chez Sephora ou même des nouvelles tenues de yoga toutes plus fashionable les unes que les autres … J’ai fini par vouloir tester et consommer tout ce qui me venait sous la main en terme de pratique. 

Le Yoga … Le vrai.

Et puis il y a eu ce matin là. Je manquais cruellement de motivation, et j’étais à la recherche de LA vidéo qui allait me sortir de ma torpeur. J’ai parcouru, parcouru … Et j’ai laissé tombé. Je me suis assise en silence. J’ai pris le temps d’être là, sans attentes, et je me suis laissée aller. Je ne sais pas combien de temps j’ai pu pratiquer. Peut-être une heure ? Ou vingt minutes ? Je n’en ai eu absolument aucune idée. Parce que j’étais là, à l’écoute. Je n’ai rien fais de foufou hein ! Du chien tête en bas, quelque vinyasas entre autres … Mais j’étais là. Et c’était ça le plus important !

Ca m’a frappé de voir à quel point le confinement m’a fait oublier jusqu’à mes principes les plus essentiels. J’ai horreur de ce que j’appelle « la surconsommation de postures ». 

Je ne trouve aucun sens à enchaîner 55 postures en une heure pour être sûre d’avoir bien couvert tout le « répertoire yogique », entre postures debout, postures au sol et autres inversions acrobatiques. Et pourtant, c’est bien dans cet état d’esprit que je me suis situé quand j’ai cherché LA vidéo qui me servirait de base à ma pratique. 

Le Yoga et le marketing

J’ai consommé, sur une base « marketing » d’image du professeur, de titre de la vidéo et autres éléments plus alléchants les uns que les autres. 

Alors qu’une des bases de l’apprentissage, c’est de répéter et répéter encore et encore sans relâche les choses les plus simples. C’est de travailler les fondations de notre pratique, parce que la progression ne peut exister qu’à partir d’une base solide. Alors oui, ça fait pas rêver de pratiquer 15 000 Adho Mukha Svanasana. Oui, ça paraît fort ennuyeux de recommencer 1500 fois Sarvangasana. Et peut-être même qu’on aura besoin de quelques années de pratique quotidienne au mur avant de maîtriser Sirsasana dans l’espace.

La morale de l’histoire

Je voulais aujourd’hui vous proposer de changer de prisme, et de prendre le problème dans le sens inverse. Quel sens donner à un équilibre sur les mains si la moindre posture d’ancrage n’est pas maîtrisée ? Comment comprendre mon Sarvangasana (la chandelle) avant d’avoir compris l’impact de mes épaules au sol en Setu Bandha Sarvangasana par exemple ?

Apprenons à laisser le temps au temps et à la pratique. Soyons curieux et motivés, mais toujours humbles. Reconnaissons la valeur de notre travail, nos progrès, mais sans jamais oublier ce qu’il nous reste à apprendre. Arrêtons de griller les étapes pour « faire bien » ou pour se rassurer quant à nos capacités. Nous sommes tous capables … A notre rythme !

Car c’est aussi ça, le yoga : réaliser que nous sommes parfaits tels que nous sommes. Qu’il ne nous manque rien qui ne soit pas à l’intérieur de nous …

Et surtout, prenez soin de vous
Marie

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